Toute recherche qui veut avoir des effets politiques doit avant tout savoir à quoi elle s'oppose, quel est son ennemi. Avant de proposer des "solutions" alternatives, il faut d'abord voir ce qui fait que l'état des choses est inacceptable. Car si nous n'identifions pas d'abord notre ennemi, nous risquons toujours, dans notre action, de nous confondre avec lui : "on finit tôt ou tard par s'identifier à l'ennemi dont la structure reste méconnue" (Agamben).
Pour nous, l'ennemi est la figure contemporaine du pouvoir, que certains théoriciens ont proposé de cerner sous le terme de biopolitique.
Foucault entend par là le fait qu'à incertain moment (aux alentours du XVIII°) le pouvoir a eu comme objet principal la gestion des populations et la production d'un corps unifié de la nation, essentiellement du biais des techniques médicales (en vue d'imposer des normes en matière d'hygiène, de santé...). Ces techniques visent la population comme objet global et s'appliquent aux corps individuels. |
On peut étendre l'analyse à l'ensemble des manipulations portant sur l'environnement, le corps humain, la production et la modulation des identités psychiques et sociales.
C'est le rapport entre la dimension biopolitique du pouvoir et les actuels développements du système capitaliste qu'il faut alors questionner.