L'Italie digère mal l'après-Gênes Défilés dans tout le pays contre les violences policières lors du G8. Par ERIC JOZSEF Le mercredi 25 juillet 2001 Retour Quotidien - Accueil Les autres jours Lundi - Mardi - Mercredi Jeudi - Vendredi - Samedi Pour quelle mondialisation êtes-vous? Votre avis, votre opinion: participez au forum Rome de notre correspondant a mobilisation contre le gouvernement Berlusconi ne faiblit pas après le sommet du G8 à Gênes qui a fait un mort et près de 600 blessés. Hier, derrière une large banderole «Assassins», entre 20 et 30000 personnes ont défilé à Rome à l'appel du Genoa Social Forum (GSF). Dans toutes les grandes villes du pays, des cortèges colorés et pacifiques se sont formés pour protester contre les violences policières et en mémoire de Carlo Giuliani, le manifestant tué par un carabinier. Devant le palais ducal de Gênes où se sont déroulés les travaux du G8, 10000 personnes ont organisé un sit-in «pour témoigner de la suspension de la démocratie». A Rome, aux côtés des communistes, des syndicalistes, des écologistes, de quelques responsables démocrates de gauche et de nombreux citoyens sans étiquette, le président de la Fédération italienne de la presse, Paolo Serventi Longhi, résumait le sentiment général: «Ce qui s'est passé à Gênes est inacceptable pour un pays civilisé et démocratique. Les policiers ont agi sans distinction. Seize journalistes ont été frappés, deux autres arrêtés. Le climat est vraiment très pesant.» Alors qu'hier 28 Allemands du Black Block ont été interpellés à Gênes, le député écologiste Paolo Cento a fait savoir que 350 personnes sont portées disparues. Dans une situation où les rumeurs vont bon train le parlementaire a ajouté: «Pour certains d'entre eux, nous craignons le pire.» Justification. Sur le front politique, l'opposition a déposé une motion de défiance contre le ministre de l'Intérieur, Claudio Scajola, qui avait justifié toutes les opérations policières à Gênes estimant que «le GSF avait couvert les 5000 Tute nere qui poursuivaient une stratégie subversive bien précise». «La manifestation de Gênes qui aurait dû être pacifique, a été bouleversée par des groupes terroristes et l'intervention insensée des forces de l'ordre, a commenté hier le philosophe et ex-maire de Venise, Massimo Cacciari; la responsabilité n'incombe pas aux forces de l'ordre, mais au gouvernement.» Pour l'heure, l'exécutif ne semble pas décidé à modifier sa ligne de fermeté dictée dès dimanche par Silvio Berlusconi. Forza Italia a repoussé la proposition des Démocrates sociaux d'instituer une commission d'enquête. Surtout, le ministre du Travail et des Affaires sociales, le léguiste Roberto Maroni, a décidé de révoquer Vittorio Agnoletto, porte-parole du GSF. En sa qualité de médecin et ancien président de la Lila (la Ligue italienne de lutte contre le sida), ce dernier faisait partie des consultants du ministère pour les questions de toxicomanie. Le ministre a lui-même annoncé la décision après que Agnoletto eut parlé «d'illégalités» commises par le gouvernement à Gênes: «Ce sont des déclarations insupportables», a commenté le ministre. Provocation. «Les compétences scientifiques sont une chose, les opinions politiques une autre», a tenté de répliquer le porte-parole du GSF. Mais la Ligue du Nord et Alliance nationale ont soutenu l'initiative du ministre. «Avec toute la drogue qu'on a vu circuler dans le cortège du GSF, Agnoletto a montré qu'il était le consultant le moins qualifié pour un gouvernement qui vise à résoudre les problèmes de toxicomanie», s'est déchaîné le responsable des questions de sécurité d'AN, Filippo Ascierto. Une attitude que les milliers de manifestants, dont certains devraient se retrouver aujourd'hui à Gênes pour les funérailles de Carlo Giuliani, ont interprété comme une provocation. Un collectif d'une cinquantaine d'organisations appelle à un rassemblement, jeudi à 18 h 30 à Montparnasse, contre les violences lors du G8 ******************************************************** 25 Juillet 2001 - INTERNATIONAL Manifestation jeudi à Paris Gênes. Après les violences et les provocations lors du sommet du G8, un collectif français appelle à une riposte unitaire. Un collectif d'une cinquantaine d'organisations - dont le PCF, plusieurs autres formations politiques, des syndicats et des associations (1) - appelle à un rassemblement mardi et à une manifestation jeudi contre les violences policières survenues entre le 19 et le 22 juillet, à l'occasion du sommet du G8 à Gênes. Une assemblée générale d'environ 250 personnes, représentant les diverses composantes de cette initiative, a décidé d'envoyer des délégations hier début d'après-midi à l'ambassade d'Italie ainsi qu'au ministère des Affaires étrangères. Simultanément elle lançait un appel pour un défilé de Montparnasse, jeudi en soirée, jusqu'à cette même ambassade, afin de dénoncer " la répression policière et militaire particulièrement féroce (tir à balles réelles, usage de blindés, rafles...) qui a provoqué la mort d'un manifestant et plusieurs centaines de blessés ". Ajoutant : " Ces méthodes fascisantes des autorités italiennes s'inscrivent dans une logique de criminalisation des mouvements sociaux accrue depuis Seattle. " Les personnes présentes à cette réunion de lundi, dont beaucoup revenaient de Gênes, ont témoigné de la brutalité policière, évoquant des " passages à tabac et des menaces de viol " notamment, ainsi que de nombreuses arrestations. Les différentes organisations parties prenantes ont entrepris de compter ceux de leurs militants " qui ne sont pas rentrés d'Italie " et dont elles craignent qu'ils n'aient été arrêtés : ATTAC en a dénombré au moins sept et la Confédération paysanne deux, a déclaré un responsable d'ATTAC à l'AFP. Le collectif relève que le sommet du G8 s'est " achevé sur un échec patent, tant en matière d'annulation de la dette des pays pauvres, que d'environnement et de santé, les mesures annoncées pour lutter contre le SIDA étant dérisoires ". En revanche, " l'ampleur des mobilisations contre le G8 représente une grande avancée pour les mouvements qui luttent pour un autre monde ", souligne-t-il. Le rendez-vous de la manifestation de jeudi est fixé à 18 h 30, en haut de la rue de Rennes. (1) Outre le PCF, s'étaient notamment fait représenter à cette rencontre : FSU, CGT Finances, CNT, Confédération paysanne, UNEF, Groupe des dix solidaires, LCR, Verts Paris, Refondation communiste (italien), Alternative libertaire, Fédération anarchiste, AC !, Act Up Paris, ATTAC, Coordination nationale des sans-papiers, Droit devant !!, DAL, Marche européenne contre le chômage, Vamos. *********************************************************