Mexique
Le zapatisme en marche
 

Dans le cadre d'une visite européenne, deux militants de La Guillotina, tinrent deux conférences/débats à Montpellier. La première portant sur la grève de l'UNAM (Université Nationale Autonome de Mexico ) et une seconde à la Librairie Scrupule sur les changements sociaux et les différents mouvements de guérillas. Les propos d'Alejandro furent recueillis par Citron de Tolosa et Arno de Montpellier sur une plage privée d'une calanque ensoleillée de Marseille.   

 

 

Du 25 février au 11 mars, le CCRI-CG (Comité clandestin révolutionnaire indigène-Commandance générale de l'armée zapatiste de libération nationale) fera la route de la San Cristobal de Las Casas au Chiapas à Mexico.
Ainsi le mouvement zapatiste entame une nouvelle étape dans son long combat pour la reconnaissance constitutionnelle des droits et de la culture indigènes.
7 ans après l'insurrection du 1er janvier 94 contre les accords de l'ALENA, ce mouvement qui a ouvert une nouvelle période de luttes et suscité de nombreux espoirs sur de nombreux continents, affirmé des valeurs et des pratiques égalitaires, solidaires et transnationales tente un pari difficile. Et le soutien international que démontre les nombreuses délégations présentes pour cette marche sera un élément important pour la réussite de cette marche.
 
 
 

Scalp : Bonjour. Peux-tu te présenter et présenter La Guillotina ?
Alejandro :
Je suis professeur mais ce n'est que purement alimentaire. Nous sommes un petit collectif de contre-information au Mexique qui écrivons une revue qui s'appelle La Guillotina. Elle porte sur les nouveaux mouvements sociaux de résistance au Mexique et les nouvelles tendances sociales de notre société. Elle est une tribune pour l'expression de beaucoup de participants de ces mouvements, comme celui d'émancipation des femmes, des communautés indigènes, homosexuel, de la jeunesse… Tous ces mouvements qui depuis 1983, se sont développés. La Guillotina est née en 1983 comme un refus de la conception de la politique traditionnelle. Nous cherchons à expliquer la vie de tous les jours et non pas à faire une différence entre vie privée et vie politique.
L'explication de la gauche n'est pas suffisante au niveau de la vie sociale…
Oui. Nous on dit que toutes les explications des participants de la gauche sont similaires aux politiques de droite ou d'extrême-droite : ils ont les mêmes conceptions de la vie, de la sexualité, de la famille, de la société, de la vie quotidienne au sein de cette société… L'unique différence porte sur l'organisation de la vie politique réelle et de l'économie.
La Guillotina a une dimension très importante pour permettre la discussion entre les divers secteurs sociaux. Elle est lue dans tout le pays, dans les communautés indigènes du Chiapas, Oaxaca, à San Cristobal, à Guadalaja…
Est-ce qu'on pourrait qualifier La Guillotina comme un magazine libertaire ou plutôt comme mouvementiste ?
Nous n'avons pas d'étiquette idéologique. Nous ne sommes ni communistes ni anarchistes. Nous avons une tradition de lutte très intéressante. Notre antécédent le plus important pour nous c'est la tradition du journalisme révolutionnaire avec l'expérience de Ricardo Flores Magon et le journal Regeneracion. Notre objectif est de générer la discussion sur la situation politique et établir des lieux pour connaître et transformer notre existence.
La Guillotina n'est pas distribuée de façon commerciale et ne contient pas de publicité. L'Etat au Mexique exerce un contrôle absolu sur les médias, aussi nous avons recours à la distribution de la main à la main ce qui nous permet d'établir un contact direct avec nos lecteurs, mais aussi nous avons recours au marché noir du papier pour publier la revue de manière artisanale.
Tu nous a déjà parlé de la multiplicité de tous ces groupes. Comment fonctionnent-ils ?
Avec ces nouveaux mouvements, indigènes et spécialement zapatiste on recherche une exigence de démocratie directe et d'horizontalité à tous les niveaux de vie aussi bien personnels que politiques.
Et La Guillotina ?
Nous sommes très purs (rires). Nous n'avons pas de bureaucratie, nous fonctionnons sur la base de la discussion et de manière très horizontale. Tout le monde est ainsi amené à discuter, c'est vraiment très intéressant, il y a plus de légitimité des acteurs dans le mouvement social. Par exemple aussi bien pour les zapatistes ou pour la grève de l'UNAM, il n'y a pas une tête mais un mouvement de tous, une forme d'intelligence collective, très bizarre mais très effective. Cela crée une nouvelle puissance de résistance.
Peux-tu nous dresser un bref historique de la grève de l'U.N.A.M, son originalité, …?
Le mouvement de grève, issu d'un mouvement très spontané, s'est déclenché le 20 avril 1999. Il faut savoir que nous venons d'une génération de contrôle social fort, avec une importante consommation culturelle, économique très liée aux différents mouvements de mode. On disait qu'il s'agissait d'une génération apathique, individualiste, consumériste… Mais il existait une grande élasticité des institutions de contrôle qui ont permis l'émergence entre ces limites d'êtres rebelles. Cette génération d'une manière plus large a voulu retrouver un sens de la vie, de trouver un sens existentiel très fort et s'est rebellée contre l'ordre social établi.
Une sorte de façon de dire "la révolution ici et maintenant" ?
Oui. Il y avait une vision de la lutte, de la conquête de la dignité, de redécouvrir notre humanité, un sens existentiel. L'Etat n'a pas compris les caractéristiques de ce mouvement et l'a donc combattu avec une répression féroce.
Après avoir vu la forme de cette rébellion, quelle en a été le facteur déclenchant ?
C'est la privatisation de l'université, liée à toutes les réformes libérales depuis 1987. En 1999, ce fut le coup final de ce processus de privatisation. La volonté que les droits d'inscriptions deviennent payants a déclenché la rébellion. Ce combat fut avant tout moral et éthique puisque cela ne concernait pas les étudiants déjà à l'université mais les générations futures. Le combat ne fut pas tant sur les moyens, les causes/conséquences que sur des valeurs morales. Le résultat fut que cette politique néo-libérale de l'université ait été temporairement arrêtée. Il s'agit d'une défaite pour la Banque Mondiale et ses recommandations.
Quelles furent les différentes façons de se mobiliser ?
Ce fut un style très sub-culturel. Beaucoup de manifestations eurent lieu sous formes de carnaval spontané avec des personnes des quartiers populaires, maquillés, déguisés en personnages de comix de diables, en animaux, nus, avec des éléments de la culture populaire, un mouvement très hédoniste. Chaque assemblée de base fut comme une sorte de concert de rock ou tout le monde exprimait violemment son sentiment par des cris. Ce fut très dur mais aussi très généreux. Tous les intellectuels de gauche et les institutionnels intégrés au champ culturel furent scandalisés et demandèrent l'intervention de la force publique dans l'université pour en finir avec la grève.
Mais ces mêmes personnes soutenaient par ailleurs l'E.Z.L.N et les autres mouvements de révolution indigènes …?
Oui, même certains intellectuels qui avaient auparavant conseiller l'E.Z.L.N au Chiappas, ont demandé l'intervention des forces publiques. Pour eux, les indiens dans la forêt de Lancandon, très loin de Mexico, c'était très romantique, très intéressant, mais pas ces nouveaux indiens urbains… quand la rébellion vient sur leur propre terrain ils ont une réaction très conservatrice. Ce mouvement très dur, très sauvage n'a reçut que le soutien de la base sociale du pays. Certains, tel le mouvement indigène de l'Oaxaca ont organisé des consultations populaires pour soutenir la grève, l'E.Z.L.N l'a également défendue très fortement par des communiqués de presse. Ceci a d'ailleurs renforcé la volonté de l'Etat d'en finir.
Comment s'est passé la répression ?
Il y a eut environ un millier de prisonniers politiques, 5 personnes furent assassinées, et de nombreuses jeunes filles ont été violées par les forces de la répression à cause de leur participation au mouvement de grève.
Tu nous parlais hier de la reprise en main de la fac, de la présence accentuée de la mafia… Comment se déroule t-elle ?
A l'université il y a des groupes paramilitaires liés au P.R.I mais aussi au P.R.D. Il existe une vieille tradition d'appartenance à des groupes sportifs, les poros (??) utilisés par les autorités pour intimider et violenter les étudiants dissidents. Depuis 5-7 ans, il y a des changements dans l'organisation de ces structures. Elles deviennent de plus en plus semi-militaires, avec une hiérarchie très forte, des uniformes, la discipline, ils changent clairement de vocation. Cependant dans chaque école il existe toujours une résistance et une constructivité de cette résistance très forte, avec la semaine dernière (en février ) une journée de grève. Mais le nouveau gouvernement de Vincente Fox a annoncé que la privatisation de l'université publique est inéluctable.
Tu disais hier que la Banque Mondiale est à la botte des USA. Mais quels sont les objectifs des USA sur le continent américain ? Et le "plan" des américains est-il similaire à celui tenté en Colombie (voir No pasaran 84) ?
Ils veulent s'assurer le marché latino-américain pour leur production de nourriture, mais aussi pour la production de toutes les marchandises. En clair, l'exploitation de toutes les ressources naturelles et sociales de l'Amérique Latine. Il y a au Mexique le nouveau projet porté par le président Vincente Fox : le plan Puebla-Panama qui consiste en un développement industriel avec des usines de hautes technologies, qu'on appelle les maquiladoras, le déplacement des populations indigènes pour exploiter les richesses (uranium, pétrole … dans le Chiapas… ) et la bio-diversité des forêts, la construction dans la forêt de Lancandon de barrages hydro-électriques pour approvisionner toutes ces nouvelles usines et installations. Le cœur du projet réside dans la construction d'un canal trans-isthmique entre l'océan Pacifique et la mer des Caraïbes (isthme de Tehuentepec) mais également favorisé le tourisme sur les sites historiques indigènes.
Les trois grandes orientations des nord-américains pour asservir l'Amérique sont celui de Puebla-Panama pour le Mexique, le plan Colombia pour la Colombie et la main mise sur l'économie brésilienne. Il considère que ces trois zones pacifiées ils pourront en faire tout autant sur tout le continent et plus facilement.
Comment s'y prend le gouvernement ?
Avec la guerre de Basse Intensité qui consiste à faire replier l'armée régulière et en favorisant l'implantation de mercenaires indigènes liés à des groupes para-militaires d'extrême-droite, ce qui prouve également combien la décomposition sociale est importante et d'autre part c'est stratégiquement très habile de la part du gouvernement. L'aide américaine et occidentale est très importante, tant par la présence de conseillers militaires ou de conseillers policiers. L'aide matérielle est également très importante : satellite mis à disposition pour surveiller, mais aussi vente et formations techniques.
La lutte se fait aussi d'une autre manière, puisque Fox affirme que le problème indigène va être très facile à régler puisqu'il faut juste fournir une télé, une voiture et un petit commerce à chaque indigène. Ne pouvant pas éliminer physiquement tous les indigènes, ils veulent les transformer en consommateur, c'est-à-dire les acculturer dans un modèle unique. Mais la résistance est très forte puisqu'en Amérique il existe plus d'une centaine de communautés indigènes, très puissante et qui ne veulent pas être vaincues.
Qu'en est-il de la Marche zapatiste ?
Cette marche a été annoncée le 2 décembre 2000 et sera conduite par 24 commandants zapatistes pour exiger le respect des accords de San Andrès, signés le 16 février 1996 et, ainsi, réclamer le projet de changement constitutionnel afin de reconnaître le droit à l'autonomie des 62 nations indigènes du Mexique. Cette marche est très importante car outre la garantie juridique de la survie des ces nations, c'est aussi la destruction de la vieille structure de domination autoritaire au Mexique. C'est un pas fondamental pour construire une nouvelle société, un nouveau type d'Etat : plus culturel, pluri-ethnique, avec différentes manières et de formes d'organisations politique, de démocratie directe, de fédéralisme social avec une volonté de remunicipalisation des communautés indigènes dans tout le pays.
Existe-t'il des contacts très forts entre les différentes communautés ou chacun lutte-t'il dans son coin ?
Oui les liens sont forts, avec des réseaux importants. Mais les liens formels sont vraiment apparus avec la première rencontre du Congrès National Indigène organisé par les zapatistes au Chiapas, pour y discuter les propositions de paix et parvenir alors aux accords de San Andrès. Ce Conseil National Indigène regroupe toute les organisations de gauche autonome de tous les peuples indigènes. Après la marche zapatiste aura lieu le troisième congrès dans l'Etat du Yucatan. Il y aura des discussions très importantes pour avancer vers la mise en place de l'autonomie avec l'exemple des constructions des municipalités rebelles autonomes. La stratégie continue pour obtenir la reconnaissance légale de cette situation d'autonomie dans les faits.
Est-ce que ce n'est pas paradoxal : l'Etat va dans la pratique reconnaître qu'il n'a plus de pouvoir ?
Oui c'est paradoxal, mais il faut comprendre que c'est la seule solution de sortie pacifique du conflit.
Sinon on passerait de la guerre de basse intensité à la guerre généralisée.
Existe-t'il encore des mouvements de guérillas actives au Mexique, comme au Guererro ?
L'E.P.R. a annoncé une trêve unilatérale pour discuter de cette forme de transition et de reconnaissance politique. Il faut savoir que les mouvements de guérillas au Mexique sont un mélange entre guerres rurales et urbaines. Les guérillas sont souvent plus liés à un phénomène régional.
Existe-t-il d'autres formes de luttes ? Tu nous disais que La Guillotina est ouverte aux différents mouvements d'émancipations.
Alejandro : Il y a un très fort mouvement de lutte des femmes qui sont implantées dans différentes luttes. C'est un phénomène nouveau dans les rapports sociaux. Lors de la grève de l'U.N.A.M., je pense que ce sont les femmes qui furent les plus actives. C'est aussi un des intérêts de ce mouvement : elles ont lutté contre les pesanteurs de l'ordre traditionnel mais aussi pour un autre avenir. Il existe quelques collectifs spécifiques, sur les migrations et les sans-papiers ou pour la libération des prisonniers politiques comme Mumia Abu Jamal et Léonard Peltier mais, il s'agit de phénomènes très marginaux puisque nous avons d'abord à lutter au sein de notre pays. Les mouvements actifs sur ces domaines sont liés aux organisations des droits de l'Homme.
On nous parle souvent du poids de l'Eglise, quel rôle joue-t-elle au Mexique ?
Comme partout, je pense qu'elle joue un double jeu. Au travers de la Théologie de la libération elle prétend lutter pour l'émancipation des indigènes et des classes les plus pauvres, mais elle est aussi très liée aux différentes organisations d'extrême droite et bien située dans l'oligarchie politique. Le cas de certains évêques est plus complexe puisqu'ils ont vraiment aidé les communautés indigènes, mais il s'agit d'une influence mutuelle réciproque. L'Eglise n'apparaissant pas coupée de la base de la société et assurant en contre partie une protection et une aide minime aux indigènes.
Que penses-tu du sommet de Porto Alegre et des différents mouvements qui s'y rattachent ?
Même s'il s'agit d'une avancée politique, je pense que c'est toujours sur un mode de fonctionnement vertical. Le P.T. fonctionne exactement sur cet ancien modèle idéologique du 19e siècle.
Tu étais présent à Nice et à Davos, qu'en penses-tu ?
Alejandro : Ces contre-manifestations sont à mon sens très importantes puisqu'elles concourent à briser le ghetto social et à créer un réseau horizontal vivant entre les différents groupes. Cela contribue également à démontrer que ces pays comme la Suisse, vivent dans l'obsession du contrôle social. Il s'agit d'une forme de démocratie totalitaire déshumanisée. En Suisse j'ai entendu une blague qui reflète cet état d'esprit : "Tout ce qui n'est pas interdit, est obligatoire".
Qu'est ce que l'on peut faire pour vous aider ?
Lutter contre le néo-libéralisme et changer de société. Vous pouvez aussi faire pression sur vos gouvernements pour qu'ils arrêtent la coopération militaro-policière avec le gouvernement du Mexique, faire des réunions d'informations pour sensibiliser les gens. Vous pouvez également venir au Mexique, pour empêcher les exactions de l'armée fédérale.
Scalp : Bonjour. Peux-tu te présenter et présenter La Guillotina ?
Alejandro :
Je suis professeur mais ce n'est que purement alimentaire. Nous sommes un petit collectif de contre-information au Mexique qui écrivons une revue qui s'appelle La Guillotina. Elle porte sur les nouveaux mouvements sociaux de résistance au Mexique et les nouvelles tendances sociales de notre société. Elle est une tribune pour l'expression de beaucoup de participants de ces mouvements, comme celui d'émancipation des femmes, des communautés indigènes, homosexuel, de la jeunesse… Tous ces mouvements qui depuis 1983, se sont développés. La Guillotina est née en 1983 comme un refus de la conception de la politique traditionnelle. Nous cherchons à expliquer la vie de tous les jours et non pas à faire une différence entre vie privée et vie politique.
L'explication de la gauche n'est pas suffisante au niveau de la vie sociale…
Oui. Nous on dit que toutes les explications des participants de la gauche sont similaires aux politiques de droite ou d'extrême-droite : ils ont les mêmes conceptions de la vie, de la sexualité, de la famille, de la société, de la vie quotidienne au sein de cette société… L'unique différence porte sur l'organisation de la vie politique réelle et de l'économie.
La Guillotina a une dimension très importante pour permettre la discussion entre les divers secteurs sociaux. Elle est lue dans tout le pays, dans les communautés indigènes du Chiapas, Oaxaca, à San Cristobal, à Guadalaja…
Est-ce qu'on pourrait qualifier La Guillotina comme un magazine libertaire ou plutôt comme mouvementiste ?
Nous n'avons pas d'étiquette idéologique. Nous ne sommes ni communistes ni anarchistes. Nous avons une tradition de lutte très intéressante. Notre antécédent le plus important pour nous c'est la tradition du journalisme révolutionnaire avec l'expérience de Ricardo Flores Magon et le journal Regeneracion. Notre objectif est de générer la discussion sur la situation politique et établir des lieux pour connaître et transformer notre existence.
La Guillotina n'est pas distribuée de façon commerciale et ne contient pas de publicité. L'Etat au Mexique exerce un contrôle absolu sur les médias, aussi nous avons recours à la distribution de la main à la main ce qui nous permet d'établir un contact direct avec nos lecteurs, mais aussi nous avons recours au marché noir du papier pour publier la revue de manière artisanale.
Tu nous a déjà parlé de la multiplicité de tous ces groupes. Comment fonctionnent-ils ?
Avec ces nouveaux mouvements, indigènes et spécialement zapatiste on recherche une exigence de démocratie directe et d'horizontalité à tous les niveaux de vie aussi bien personnels que politiques.
Et La Guillotina ?
Nous sommes très purs (rires). Nous n'avons pas de bureaucratie, nous fonctionnons sur la base de la discussion et de manière très horizontale. Tout le monde est ainsi amené à discuter, c'est vraiment très intéressant, il y a plus de légitimité des acteurs dans le mouvement social. Par exemple aussi bien pour les zapatistes ou pour la grève de l'UNAM, il n'y a pas une tête mais un mouvement de tous, une forme d'intelligence collective, très bizarre mais très effective. Cela crée une nouvelle puissance de résistance.
Peux-tu nous dresser un bref historique de la grève de l'U.N.A.M, son originalité, …?
Le mouvement de grève, issu d'un mouvement très spontané, s'est déclenché le 20 avril 1999. Il faut savoir que nous venons d'une génération de contrôle social fort, avec une importante consommation culturelle, économique très liée aux différents mouvements de mode. On disait qu'il s'agissait d'une génération apathique, individualiste, consumériste… Mais il existait une grande élasticité des institutions de contrôle qui ont permis l'émergence entre ces limites d'êtres rebelles. Cette génération d'une manière plus large a voulu retrouver un sens de la vie, de trouver un sens existentiel très fort et s'est rebellée contre l'ordre social établi.
Une sorte de façon de dire "la révolution ici et maintenant" ?
Oui. Il y avait une vision de la lutte, de la conquête de la dignité, de redécouvrir notre humanité, un sens existentiel. L'Etat n'a pas compris les caractéristiques de ce mouvement et l'a donc combattu avec une répression féroce.
Après avoir vu la forme de cette rébellion, quelle en a été le facteur déclenchant ?
C'est la privatisation de l'université, liée à toutes les réformes libérales depuis 1987. En 1999, ce fut le coup final de ce processus de privatisation. La volonté que les droits d'inscriptions deviennent payants a déclenché la rébellion. Ce combat fut avant tout moral et éthique puisque cela ne concernait pas les étudiants déjà à l'université mais les générations futures. Le combat ne fut pas tant sur les moyens, les causes/conséquences que sur des valeurs morales. Le résultat fut que cette politique néo-libérale de l'université ait été temporairement arrêtée. Il s'agit d'une défaite pour la Banque Mondiale et ses recommandations.
Quelles furent les différentes façons de se mobiliser ?
Ce fut un style très sub-culturel. Beaucoup de manifestations eurent lieu sous formes de carnaval spontané avec des personnes des quartiers populaires, maquillés, déguisés en personnages de comix de diables, en animaux, nus, avec des éléments de la culture populaire, un mouvement très hédoniste. Chaque assemblée de base fut comme une sorte de concert de rock ou tout le monde exprimait violemment son sentiment par des cris. Ce fut très dur mais aussi très généreux. Tous les intellectuels de gauche et les institutionnels intégrés au champ culturel furent scandalisés et demandèrent l'intervention de la force publique dans l'université pour en finir avec la grève.
Mais ces mêmes personnes soutenaient par ailleurs l'E.Z.L.N et les autres mouvements de révolution indigènes …?
Oui, même certains intellectuels qui avaient auparavant conseiller l'E.Z.L.N au Chiappas, ont demandé l'intervention des forces publiques. Pour eux, les indiens dans la forêt de Lancandon, très loin de Mexico, c'était très romantique, très intéressant, mais pas ces nouveaux indiens urbains… quand la rébellion vient sur leur propre terrain ils ont une réaction très conservatrice. Ce mouvement très dur, très sauvage n'a reçut que le soutien de la base sociale du pays. Certains, tel le mouvement indigène de l'Oaxaca ont organisé des consultations populaires pour soutenir la grève, l'E.Z.L.N l'a également défendue très fortement par des communiqués de presse. Ceci a d'ailleurs renforcé la volonté de l'Etat d'en finir.
Comment s'est passé la répression ?
Il y a eut environ un millier de prisonniers politiques, 5 personnes furent assassinées, et de nombreuses jeunes filles ont été violées par les forces de la répression à cause de leur participation au mouvement de grève.
Tu nous parlais hier de la reprise en main de la fac, de la présence accentuée de la mafia… Comment se déroule t-elle ?
A l'université il y a des groupes paramilitaires liés au P.R.I mais aussi au P.R.D. Il existe une vieille tradition d'appartenance à des groupes sportifs, les poros (??) utilisés par les autorités pour intimider et violenter les étudiants dissidents. Depuis 5-7 ans, il y a des changements dans l'organisation de ces structures. Elles deviennent de plus en plus semi-militaires, avec une hiérarchie très forte, des uniformes, la discipline, ils changent clairement de vocation. Cependant dans chaque école il existe toujours une résistance et une constructivité de cette résistance très forte, avec la semaine dernière (en février ) une journée de grève. Mais le nouveau gouvernement de Vincente Fox a annoncé que la privatisation de l'université publique est inéluctable.
Tu disais hier que la Banque Mondiale est à la botte des USA. Mais quels sont les objectifs des USA sur le continent américain ? Et le "plan" des américains est-il similaire à celui tenté en Colombie (voir No pasaran 84) ?
Ils veulent s'assurer le marché latino-américain pour leur production de nourriture, mais aussi pour la production de toutes les marchandises. En clair, l'exploitation de toutes les ressources naturelles et sociales de l'Amérique Latine. Il y a au Mexique le nouveau projet porté par le président Vincente Fox : le plan Puebla-Panama qui consiste en un développement industriel avec des usines de hautes technologies, qu'on appelle les maquiladoras, le déplacement des populations indigènes pour exploiter les richesses (uranium, pétrole … dans le Chiapas… ) et la bio-diversité des forêts, la construction dans la forêt de Lancandon de barrages hydro-électriques pour approvisionner toutes ces nouvelles usines et installations. Le cœur du projet réside dans la construction d'un canal trans-isthmique entre l'océan Pacifique et la mer des Caraïbes (isthme de Tehuentepec) mais également favorisé le tourisme sur les sites historiques indigènes.
Les trois grandes orientations des nord-américains pour asservir l'Amérique sont celui de Puebla-Panama pour le Mexique, le plan Colombia pour la Colombie et la main mise sur l'économie brésilienne. Il considère que ces trois zones pacifiées ils pourront en faire tout autant sur tout le continent et plus facilement.
Comment s'y prend le gouvernement ?
Avec la guerre de Basse Intensité qui consiste à faire replier l'armée régulière et en favorisant l'implantation de mercenaires indigènes liés à des groupes para-militaires d'extrême-droite, ce qui prouve également combien la décomposition sociale est importante et d'autre part c'est stratégiquement très habile de la part du gouvernement. L'aide américaine et occidentale est très importante, tant par la présence de conseillers militaires ou de conseillers policiers. L'aide matérielle est également très importante : satellite mis à disposition pour surveiller, mais aussi vente et formations techniques.
La lutte se fait aussi d'une autre manière, puisque Fox affirme que le problème indigène va être très facile à régler puisqu'il faut juste fournir une télé, une voiture et un petit commerce à chaque indigène. Ne pouvant pas éliminer physiquement tous les indigènes, ils veulent les transformer en consommateur, c'est-à-dire les acculturer dans un modèle unique. Mais la résistance est très forte puisqu'en Amérique il existe plus d'une centaine de communautés indigènes, très puissante et qui ne veulent pas être vaincues.
Qu'en est-il de la Marche zapatiste ?
Cette marche a été annoncée le 2 décembre 2000 et sera conduite par 24 commandants zapatistes pour exiger le respect des accords de San Andrès, signés le 16 février 1996 et, ainsi, réclamer le projet de changement constitutionnel afin de reconnaître le droit à l'autonomie des 62 nations indigènes du Mexique. Cette marche est très importante car outre la garantie juridique de la survie des ces nations, c'est aussi la destruction de la vieille structure de domination autoritaire au Mexique. C'est un pas fondamental pour construire une nouvelle société, un nouveau type d'Etat : plus culturel, pluri-ethnique, avec différentes manières et de formes d'organisations politique, de démocratie directe, de fédéralisme social avec une volonté de remunicipalisation des communautés indigènes dans tout le pays.
Existe-t'il des contacts très forts entre les différentes communautés ou chacun lutte-t'il dans son coin ?
Oui les liens sont forts, avec des réseaux importants. Mais les liens formels sont vraiment apparus avec la première rencontre du Congrès National Indigène organisé par les zapatistes au Chiapas, pour y discuter les propositions de paix et parvenir alors aux accords de San Andrès. Ce Conseil National Indigène regroupe toute les organisations de gauche autonome de tous les peuples indigènes. Après la marche zapatiste aura lieu le troisième congrès dans l'Etat du Yucatan. Il y aura des discussions très importantes pour avancer vers la mise en place de l'autonomie avec l'exemple des constructions des municipalités rebelles autonomes. La stratégie continue pour obtenir la reconnaissance légale de cette situation d'autonomie dans les faits.
Est-ce que ce n'est pas paradoxal : l'Etat va dans la pratique reconnaître qu'il n'a plus de pouvoir ?
Oui c'est paradoxal, mais il faut comprendre que c'est la seule solution de sortie pacifique du conflit.
Sinon on passerait de la guerre de basse intensité à la guerre généralisée.
Existe-t'il encore des mouvements de guérillas actives au Mexique, comme au Guererro ?
L'E.P.R. a annoncé une trêve unilatérale pour discuter de cette forme de transition et de reconnaissance politique. Il faut savoir que les mouvements de guérillas au Mexique sont un mélange entre guerres rurales et urbaines. Les guérillas sont souvent plus liés à un phénomène régional.
Existe-t-il d'autres formes de luttes ? Tu nous disais que La Guillotina est ouverte aux différents mouvements d'émancipations.
Alejandro : Il y a un très fort mouvement de lutte des femmes qui sont implantées dans différentes luttes. C'est un phénomène nouveau dans les rapports sociaux. Lors de la grève de l'U.N.A.M., je pense que ce sont les femmes qui furent les plus actives. C'est aussi un des intérêts de ce mouvement : elles ont lutté contre les pesanteurs de l'ordre traditionnel mais aussi pour un autre avenir. Il existe quelques collectifs spécifiques, sur les migrations et les sans-papiers ou pour la libération des prisonniers politiques comme Mumia Abu Jamal et Léonard Peltier mais, il s'agit de phénomènes très marginaux puisque nous avons d'abord à lutter au sein de notre pays. Les mouvements actifs sur ces domaines sont liés aux organisations des droits de l'Homme.
On nous parle souvent du poids de l'Eglise, quel rôle joue-t-elle au Mexique ?
Comme partout, je pense qu'elle joue un double jeu. Au travers de la Théologie de la libération elle prétend lutter pour l'émancipation des indigènes et des classes les plus pauvres, mais elle est aussi très liée aux différentes organisations d'extrême droite et bien située dans l'oligarchie politique. Le cas de certains évêques est plus complexe puisqu'ils ont vraiment aidé les communautés indigènes, mais il s'agit d'une influence mutuelle réciproque. L'Eglise n'apparaissant pas coupée de la base de la société et assurant en contre partie une protection et une aide minime aux indigènes.
Que penses-tu du sommet de Porto Alegre et des différents mouvements qui s'y rattachent ?
Même s'il s'agit d'une avancée politique, je pense que c'est toujours sur un mode de fonctionnement vertical. Le P.T. fonctionne exactement sur cet ancien modèle idéologique du 19e siècle.
Tu étais présent à Nice et à Davos, qu'en penses-tu ?
Alejandro : Ces contre-manifestations sont à mon sens très importantes puisqu'elles concourent à briser le ghetto social et à créer un réseau horizontal vivant entre les différents groupes. Cela contribue également à démontrer que ces pays comme la Suisse, vivent dans l'obsession du contrôle social. Il s'agit d'une forme de démocratie totalitaire déshumanisée. En Suisse j'ai entendu une blague qui reflète cet état d'esprit : "Tout ce qui n'est pas interdit, est obligatoire".
Qu'est ce que l'on peut faire pour vous aider ?
Lutter contre le néo-libéralisme et changer de société. Vous pouvez aussi faire pression sur vos gouvernements pour qu'ils arrêtent la coopération militaro-policière avec le gouvernement du Mexique, faire des réunions d'informations pour sensibiliser les gens. Vous pouvez également venir au Mexique, pour empêcher les exactions de l'armée fédérale.

Pour la suppression de la coopération des polices entre la France et le Mexique

En février 1998, la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l'Homme(FIDH) publiait un rapport spécial sur le Mexique intitulé " Une violation systématique des droits de l'homme ". Cela n'a pas dissuadé Jacques Chirac, en visite à Mexico en novembre de la même année, de signer avec l'ex-président mexicain E. Zedillo un accord bilatéral de " coopération des polices ". Depuis, la situation des droits de l'homme au Mexique est loin de s'être améliorée :
-1 Le gouvernement mexicain refuse d'honorer ses engagements nationaux et internationaux concernant les droits indigènes (accords de San Andrès de 1996 et Traité OIT de 1989) et mène une stratégie de guerre dite de " basse intensité "contre les communautés indigènes du Chiapas. Il refuse de démilitariser la région malgré la recommandation en ce sens, en novembre dernier, de Mary Robinson, haut commissaire aux droits de l'homme de l'ONU. De plus, de nombreux rapports nationaux et inernationaux signalent la complicité de l'armée et des forces de police avec une douzaine de groupes paramilitaires qui exercent des exactions contre la population civile. Cette politique a déjà conduit aux massacres d'Actéal en décembre 1997et de El Bosque en juin 1998.
-2 Dans l'état du Guerrero, à 5 ans du massacre de 17 paysans lors d'un rassemblement pacifique à Aguas Blancas, crime perpétré par les agents de la police locale, non seulement les responsables n'ont pas été arrêtés, mais plusieurs paysans qui ont survécu sont actuellement emprisonnés. Des rapports récents font état d'un accroissement des disparitions de paysans militants politiques et syndicaux. Malgré la campagne internationale menée par Amnesty International pour sa libération, le militant Rodolfo Montiel est emprisonné depuis près d'un an pour s'être opposé à des déforestations par une compagnie transnationale américaine.
-3 La Police Fédérale Préventive(PFP), "superpolice" au-dessus de toutes les polices, qui compte des milliers de militaires dans ses rangs, fut créée il y a un an et demi pour " lutter contre la délinquance ". A l'époque, l'opposition avait dénoncé l'objectif politique de cette police : réprimer les mouvements sociaux en lutte contre les réformes néolibérales. Cette prévision s'est vue confirmée en février dernier, quand plus de 700 étudiants furent arrêtés par la PFP, accusés de "terrorisme" pour avoir participé à un mouvement de grève pour la défense de la gratuité de l'enseignement supérieur. Plusieurs centaines d'agents de la PFP ont récemment été envoyés au Chiapas pour renforcer le dispositif répressif dans cet état.
Dans son bulletin " Noticias de Francia "(septembre-octobre 1999), l'ambassade de France à Mexico annonçait qu' " un groupe d'experts français assistera des corps de police, parmi lesquels la PFP, en matière de transfert technologique, échange de données et formation ". Le 23 novembre dernier, on apprenait de source locale que déjà "un groupe spécial de la police française entraîne des policiers du Chiapas".
Si en France la politique " antiterroriste " représente, selon un rapport de la FIDH, "une porte ouverte à l'arbitraire", l'arbitraire n'a cessé d 'être une réalité au Mexique. Ce pays est régulièrement dénoncé pour ses nombreuses violations des droits de l'homme. L'accord de coopération des polices avec le Mexique étant en contradiction flagrante avec les principes de défense des droits de l'homme affichés par la France, les associations, syndicats, partis politiques, personnalités et citoyens signataires demandent sa suppression immédiate.
A signer, faire signer et adresser à : M. Lionel Jospin, Premier Ministre, Hôtel Matignon, 57 rue de Varenne, 75007 Paris, ou bien au Collectif Chiapas-Ariège qui transmettra (contacts: Maryse: 0561666362 Monique: tel/fax 0561641840).
 

 

POUR LA GARANTIE ET LA SECURITE DE LA DELEGATION DE LA "COMMANDANCE" ZAPATISTE EN ROUTE POUR MEXICO

Le 16 février 1996 l'EZLN et le gouvernement mexicain ont signé les accords de San Andrés, résultant de la Ière Table de Dialogue portant sur la Culture et le Droit Indigène. Ces négociations ont duré quatre mois, sont intervenus, des assesseurs et des invités, un grand groupe d'universitaires, d'intellectuels et surtout, des dirigeants d'organisations sociales, des indigènes et des non indigènes, qui ont apporté à la table une importante série de propositions pour y être débattues.
Les accords de San Andrés sont des accords à minima qui ne représentent que le premier pas d'une discussion dont l'objectif ultime est la paix définitive, pour laquelle il était, et il est nécessaire de tenir compte des causes qui ont provoqué le conflit. Avec sa signature, le gouvernement mexicain s'est compromis à réaliser une série de réformes de la Constitution du pays, ainsi que de certaines lois secondaires. L'objectif final de ces réformes est la reconnaissance juridique de la composition pluri-ethnique et pluri-culturelle du pays, en dotant les peuples indigènes des moyensnécessaires pour préserver et développer leur propre identité. En définitive, c'est le premier pas vers la matérialisation du droit à être égaux tout en étant différents. Mais très vite, il s'est avéré que le compromis du Gouvernement n'était qu'une affaire d'image : juste après la signature, les négociateurs gouvernementaux ont entrepris un voyage en Europe en vendant l'idée d'une paix définitive au Chiapas, alors qu'en réalité les compromis n'étaient pas respectés et que la IIème Table de dialogue s'est achevée sans aucun accord.
L'EZLN s'est vu obligé(e) de suspendre sa participation au dialogue jusqu'à ce que le Gouvernement Fédéral donne des signes de sa volonté de tenir sa parole.
Le temps du président Ernesto Zedillo est passé en laissant une traînée de douleur et de mort: Acteal est un symbole plus parlant, mais les assassins, la pauvreté, la militarisation et la paramilitarisation, le recours à la force et le mépris pour les droits humains les plus élémentaires ont été les signes laissés au passage, au Chiapas et dans diverses zones indigènes à travers le Mexique, par un homme qui restera dans l'histoire du Mexique comme celui qui, pouvant choisir la paix, a choisi la guerre. Et qui l'a perdue.
A présent, avec un nouveau Président à la tête du pays, l'application des accords de San Andrés reste indispensable pour asseoir la base d'une paix avec justice et dignité. Sa ratification ne doit plus se faire attendre. C'est maintenant, et non dans quelques années, que le Gouvernement Fédéral et les institutions du Pouvoir Législatif doivent prendre les décisions adéquates, afin que le Mexique ne soit plus jamais un pays sans ses peuples originaires.
En outre, les bases pour une véritable Paix doivent reposer sur des faits concrets. Ainsi, en tant qu'habitants du monde et membres de la société civile internationale, nous adhérons aux demandes de l'EZLN de "signaux concrets accréditant la disponibilité du gouvernement au dialogue et à la négociation, sa détermination de parvenir à des accords et de les respecter, et sa ferme volonté de construire une paix avec les peuples indiens de Mexico":
A) L'application des accords de San Andrés ; concrètement, la ratification de l'initiative de loi élaborée par la Commission de Concorde et de Pacification (Cocopa).
B) - La libération de tous les zapatistes emprisonnés dans les prisons du Chiapas et des autres Etats.
C) - Le retrait et la fermeture de 7 des positions qu'occupe actuellement l'Armée Fédérale au Chiapas sans que ces positions soient substituées par un autre corps militaire ou policier. Ces campements sont : Amador Hernandez, avec annulation du décret d'expropriation prononcé par Zedillo, Guadalupe Tepeyac, Rio Euseba (près de l'Aguascalientes de La Realidad), Jolnachoj (près de l'Aguascalientes de Oventik), Roberto Barrios (Près de l'Aguascalientes de ce lieu), La Garrucha (près de l'Aguascalientes de ce lieu) et Cuxulja (près de la communauté Moisés Gandhi).
Enfin, et avant le voyage que les 24 membres du Comité Clandestin Révolutionnaire Indigène Commandance Générale du EZLN, réaliseront à la ville de Mexico (DF) pendant le mois de février, prenant la tête d'une grande mobilisation pour s'adresser à l'honorable Congrès de l'Union face aux législateurs et plaider en faveur de la Proposition de l'Initiative de Loi Indigène élaborée par la Cocopa. Nous exigeons du Gouvernement Fédéral, la libre circulation dans le pays et l'entière garantie de sécurité pour la délégation qui cherche à ratifier par la voie du dialogue pacifique la solution à leurs revendications.

PLUS JAMAIS UN MEXIQUE SANS LES PEUPLES INDIGENES