NOUS NE SOMMES PAS DE LA CHAIR A PATRON !!!

 

LE REVENU GARANTI : DECONNECTER LES CONDITIONS D'EXISTENCE DE L'EMPLOI

Depuis la fin des années 70, nos sociétés industrielles connaissent une déréglementation continue du contrat de travail et la précarité est devenue une norme réelle pour une grande partie de la population active. Plus que des chômeurs-ses, la plupart d'entre nous sont des précaires qui connaissent des périodes d'emploi, puis de non-emploi. Les salariés en CDI vivent eux-mêmes souvent dans la crainte des dégraissages ou des licenciements. L'individu précaire est d'ailleurs parfaitement intégré dans le système productif puisqu'y compris lorsqu'il n'est pas employé, son cas sert aux dirigeants économiques pour faire pression sur les salaires et la productivité. Que nous reste-t-il ? Certainement pas la possibilité de faire de grands projets, ni celle de refuser les jobs les plus stupides et inutiles. Dans ce cadre, l'exigence d'un revenu garanti dépasse le refus de la misère pour dire que nous souhaitons reprendre le contrôle de nos vies et ne plus être pieds et mains liées aux décisions des patrons.
Cela signifie que dans une société qui produit tant de richesses, c'est la redistribution ce celles-ci qui est en jeu. Comment faire pour que la sur-valeur dégagée par les entreprises revienne aux travailleurs (chômant ou en activité) ? Par l'existence d'un revenu garanti, c'est tout autant la possibilité pour un salarié de quitter son emploi s'il ne le satisfait pas (dans son fond ou dans sa forme). Il ne vit plus dans la hantise de la galère que lui sert la télé tous les soirs à 20h. Aussi, il peut affirmer concrètement son opinion sur l'utilité sociale ou non d'une activité, d'une industrie ou d'un service.
La revendication du revenu garanti doit être comprise comme une revendication unificatrice du monde du travail. Elle dépasse le " lobby " des travailleurs précaires et des sans-revenus pour devenir un outil du renversement de la flexibilité au profit de tous les salarié-e-s.

LA GRATUITE : UN COMBAT DE CLASSE VERS DE NOUVEAUX RAPPORTS SOCIAUX

Au travers des différentes exigences d'accès libre et gratuit à des biens et des services (logement, transport, éducation, santé, énergie, culture, etc.), les chômeurs-ses et précaires posent la question suivante : la satisfaction des besoins individuels doit-elle rester le " privilège " de celles et ceux qui possèdent les moyens de se la payer, ou est-ce qu'il s'agit d'imposer un accès égalitaire pour toutes et tous ?
De même, si dans les mouvements de revendication de la gratuité fait référence à l'urgence sociale et permet des réponses partielles au coup par coup, il ne se dessine pas moins une volonté de dénoncer la société marchande, du moins son fonctionnement qui conduit à la mise en place de l'apartheid social, avec ses différentes catégories de population aux droits plus ou moins élargis. Nous voulons pouvoir vivre, nous loger, nous déplacer, nous cultiver, nous distraire, sans être soumis au contingentement des aumônes que nous concèdent les services sociaux, ou avoir à dépendre d'organismes caritatifs.
Exiger la gratuité, c'est combattre, chômeurs-ses et salarié-e-s côte à côte, une société de classe au sein de laquelle les richesses et les droits ne sont attribués avec la parcimonie qu'aux plus serviles d'entre nous. La gratuité, c'est casser les rapports de domination, remettre en cause les impératifs de rentabilité qui conditionne l'ensemble de nos sociétés. C'est, comme pour le revenu garanti, organiser l'économie au service des individus, non plus l'inverse.

TOUTES ET TOUS À MONACO LE 28 DÉCEMBRE 99