From
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LPSG-France <lpsg-france@bigfoot.com>
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Date
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Tue, 01 May 2001 21:00:56 +0200
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Subject
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globe_l: Relaxe pour Noir Silence !
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http://www.globenet.org/survie/comm/relaxens.htm
Communiqué de Survie et des éditions des arènes
Relaxe pour Noir silence !
Pas d'"offense à chefs d'État" dans cette dénonciation de la
Françafrique !
Par une décision historique, la 17ème
chambre reconnaît le droit à une association (Survie) et un éditeur (les
arènes) d'évoquer les crimes de 3 dictateurs africains.
La 17ème chambre, sous la présidence de Jean-Yves Montfort, a relaxé ce
mercredi 25 avril l'auteur, François-Xavier Verschave (président de
Survie) et l'éditeur, Laurent Beccaria (gérant des Arènes), du livre
Noir silence. Ceux-ci étaient accusés d'"offense à chef d
Etat" par trois autocrates africains, le Congolais Denis Sassou
Nguesso, le Tchadien Idriss Déby et le Gabonais Omar Bongo. Le premier
était qualifié, entre autres, de responsable de "crimes contre
l'humanité", le second d'"assassin invétéré", familier du
faux-monnayage, et le troisième de "parrain régional", à la
tête d'une "démocrature prédatrice".
Sans entrer dans le débat de fond, le tribunal a disqualifié cette
plainte en considérant que le délit d'offense à chef d'État étranger
était incompatible avec les articles 6 et 10 de la Convention européenne
des droits de l'homme.
Il s agit d'un jugement historique. Mussolini, Hitler et Duvalier ont
gagné les procédures qu'ils avaient enclenchées contre les auteurs de
semblables délits. "L'offense à chef d'État" est un héritage du
crime de lèse-majesté. Instituée en 1881, par l'article 36 de la loi sur
la presse, elle a toujours entraîné la condamnation des inculpés. Les
avocats des accusés, Mes William Bourdon, Antoine Comte, Francis N'Thepe
et Vincent Toledano, ont su brillamment inverser la tendance.
Au moment où la France vient de ratifier les statuts de la Cour pénale
internationale, le tribunal a estimé qu'il devenait difficile d'empêcher
des militants associatifs de désigner les responsables de crimes contre
l'humanité. Ni les brasseurs d'argent sale alors qu'est universellement
dénoncée la montée de la criminalité financière. C'est une décision
courageuse, dans la grande tradition républicaine.
Les Africains qui, au péril de leur vie, sont venus exposer ce qui se
passait dans leurs pays, se sentent moins seuls. Une condamnation aurait
accru les menaces qui ont déjà pesé sur certains d'entre eux, ou leurs
proches.
Déjà vendu à plus de 30 000 exemplaires, Noir silence va pouvoir
continuer de susciter le débat, d'éclairer les citoyens français et
africains sur l'arrière-plan des "affaires" en cours (Elf,
Falcone, Gaydamak, Sirven, Pasqua, Mitterrand, etc.), et leur
interconnexion.
L'enregistrement sténotypé de ce procès historique paraîtra le 19 mai aux
Arènes, sous le titre Noir procès (400 p., 128 F). Nul doute que
ce nouveau livre se répandra en Afrique comme une traînée de poudre.